J’ai emprunté des morceaux de vieilles quincailleries chez une brocanteuse de mon quartier. J’ai acheté les pièces avec l’assurance de sa part qu’elle me les rembourserait à leur retour. Je voulais les photographier dans un but assez particulier, un projet que je mène depuis un certain temps.
Je vise à illustrer, grâce à la photo, comment les objets peuvent vieillir avec dignité, tout comme les êtres humains et les animaux. Ces instruments d’acier et de fer me semblaient nobles, fiers de leur vocation d’avoir assuré l’intégrité physique et la sécurité des installations ferroviaires pendant toute leur vie. Il y avait de grands boulons avec écrous et rondelles, des agrafes de traverses de chemin de fer, une vieille balance ainsi que d’autres trucs dont j’ignorais la fonction. Ils étaient vieux, usés, rouillés, mais toujours aptes à servir. Je les ai apportés dans un parc par un beau jour d’hiver pour les photographier dans des poses mettant en valeur leur rigueur, leur force brute et la sagesse que l’âge leur avait inculquée. À la suite de ma session photographique, j’ai développé les clichés et j’ai rapporté les artefacts à la boutique d’où ils sont sortis. En guise de remerciement pour avoir participé à mon projet, j’ai offert à la propriétaire une des photos, imprimée et encadrée. Je lui ai cédé le droit de l’exposer dans son commerce ou d’en faire ce qu’elle voudrait bien. Je n’ai jamais revu la photo dans son magasin. Voici quelques unes des prises.
J’ai été déçu des résultats de cette initiative, jugeant qu’aucune de photos que j’avais prises n’était à la hauteur de mes attentes. J’ai tout de même présenté ce portfolio lors d’un atelier de photo et une des participantes m’a suggéré que je pourrais faire appel à mes talents de dessinateur pour transformer les photos. Elle voyait en cette stratégie une façon de mieux communiquer mon message. Malgré que j’aie apprécié la pertinence de ce commentaire, je ne l’ai pas mis à exécution pendant de nombreux mois. Finalement, j’ai eu le courage de tenter l’expérience et l’œuvre qui accompagne ce texte en est le résultat. Cela n’a pas été de tout repos, la version que je présente ici est la dernière de nombreuses tentatives. Je crois néanmoins que ce cheminement m’a été salutaire et que je poursuivrai ce filon encore plus loin. Qu’en pensez-vous?
Salut Philippe. Je découvre ton blogue un peu par accident! Grâce à Face-de-bouc en réalité.
Intéressant; dans ta série de 4 photographies, j’avais aussi choisi « Le boulon dans la marre » comme étant la plus intéressante. Elle me raconte une histoire; boulon abandonné? Laissé pour compte? Je crois que le fait de ne pas avoir d’arrière plan sans lien à l’objet m’a donné un meilleur sens de sa valeur, complétant cette histoire.
Et l’approche graphique que tu en as fait vaut vraiment la peine d’être exploitée!!
Salut Pierre, quelle joie d’avoir un mot de ta part. Ce site est une sorte de bouteille à la mer et de temps à autre elle croise d’autres marins. Merci pour tes commentaires.